J’ai travaillé il y a quelques années comme analyste ESG
dans une petite agence à Berlin qui faisait une analyse très qualitative sur les
entreprises allemandes, suisses et autrichiennes. Elle n’a pas survécu car le
développement du marché de la finance durable s’est concentré sur d’autres
approches, quantitatives et beaucoup plus rentables. La compétitivité a porté sur
le volume d’entreprises couvertes par la notation ESG, pas sur la qualité de
l’analyse et sa pertinence. J’ai voulu montrer comment cette transformation de la
notation ESG, qu’on pourrait appeler la financiarisation de l’analyse ESG, a
fonctionné et quels ont été les impacts sur ceux qui exercent ce métier. Pour
ma thèse, je me suis appuyée sur le témoignage de spécialistes qui travaillent
au sein de banques et de sociétés de gestion de taille très diverses, y compris
les plus importantes, mais aussi d’analystes ESG qui travaillent dans des
agences spécialisées comme Vigeo (rachetée par Moody's) ou Ethifinance.
Quelles sont vos principales conclusions ?
J’ai pu constater que la loi du marché avait radicalement transformé les pratiques de notation ESG. Initialement elle reposait sur des approches éthiques et voulait couvrir le plus grand nombre de thèmes Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) concernant les ent